Je ne suis pas qu’enseignant de l’anglais : je suis aussi apprenant des langues – principalement le français.
Mon parcours d’apprentissage n’a pas du tout été simple ou facile – mais depuis ma perspective actuelle, ayant obtenu le niveau C2 et le diplôme de Master de l’Université de Toulouse 2, je vois comment ma formation en français aurait pu être beaucoup plus efficace.
Je veux vous raconter l’histoire de mon parcours.
Dans le système scolaire d’où je viens – j’ai grandi dans une ville d’environ 25.000 personnes au piémont des Appalaches dans l’état du Tennessee – on n’apprend des langues étrangères qu’au lycée. J’avais 15 ans quand je suis entrée pour la première fois dans un cours de français. J’ai de beaux souvenirs de ma professeur – elle était super sympathique. Tout le monde l’adorait. Elle n’était ni française, ni francophone, mais elle avait vécu en Suisse pendant quelques années (et d’ailleurs, elle nous a raconté, elle a eu dans sa classe les enfants du chanteur David Bowie ! D’après il s’est beaucoup impliqué dans leur éducation.)
Alors, pour conclure sur ma très aimable première prof de français, elle nous a beau inculquer les bases, j’ai trouvé, en voyageant en France pour la première fois avec ma classe pendant la dernière année du lycée, je ne pouvais pas tenir une conversation en français.
En passant à l’université, j’ai décidé de poursuivre mes études de français. De fait, j’y ai suivi un parcours de double spécialisation : en français aussi bien qu’en anglais (littérature et l’écriture créative). Je me suis dit, qu’avec un diplôme, je devrais certainement parler couramment le français.
Hélas, ce n’était pas du tout le cas. J’avais d’autres professeurs excellents, mais encore, assez traditionnels, et encore, personne d’entre eux n’avait pas le français comme sa première langue. Je suis alors sorti de l’université ayant fait des centaines d’exercices de grammaire, ayant profondément lu Flaubert et Duras entre autres, mais toujours sans pouvoir ni parler ni comprendre le français parlé.
Quelques années plus tard, marié et devenu père et professeur d’anglais, ma famille et moi décidons d’enseigner l’anglais en … Espagne ! Sans aucune connaissance d’espagnol ! Mais, à l’issue de quelques mois, on pouvait tous le parler plus ou moins ! Pendant ce temps, j’ai rejoint un groupe de conversation en français, avec des vrais francophones ! La phrase “C’est comme ça que ça se dit !” bourdonnait sans cesse dans mes pensées.
L’année prochaine, je me suis trouvé dans l’immersion totale, vivant dans un petit village du sud-ouest de la France et suivant une formation de Master complètement en français à Toulouse. Après des décennies, je me sentais à l’aise en conversation avec les vrais français !
D’un côté, la formation scolaire que j’avais eu m’a fourni les bases, mais je me suis trompé en supposant que ce genre d’apprentissage aboutirait à vraiment incorporer la langue dans ma vie. Avant de parler avec des locuteurs natifs de français, je n’aurais pas pu vraiment parler la langue.
Pourquoi aurais-je cru, qu’en pratiquant une chose – les exercices de grammaire et la lecture – que je pourrais arriver à faire quelque chose de complètement différent – à savoir, parler ? Dans l’apprentissage des langues, on distingue entre la compétence linguistique, plutôt théorique, et la compétence communicationnelle, plutôt pratique.
Si vous cherchez à apprendre l’anglais (ou n’importe quelle autre langue) je vous encourage à parler aux locuteurs natifs pour vraiment franchir le seuil vers une vraie maîtrise de la langue.